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"La douleur est de tous les jours dans le corps de l'homme et nous ne savons d'elle que peu de choses", écrivait un chirurgien. David Le Breton, dont on connaît les travaux sur le corps, revient aujourd'hui sur l'indicible de la souffrance.
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"La douleur est de tous les jours dans le corps de l'homme et nous ne savons d'elle que peu de choses", écrivait un chirurgien.
David Le Breton, dont on connaît les travaux sur le corps, revient aujourd'hui sur l'indicible de la souffrance. À partir de cet événement le plus souvent privé qu'est la douleur, dont on ne sait pas toujours si elle vient du corps ou de l'âme, qui nous met face à cette "condition corporelle" qui fait, comme le notait Descartes, que l'homme est avant tout "fondu en son corps", David Le Breton montre que certes la douleur est une sensation réelle, mais aussi une émotion, voire une perception, autrement dit une activité de déchiffrement sur soi et non le seul décalque d'une altération somatique, autrement dit elle n'est pas seulement une histoire de système nerveux. Bien sûr il y a la torture, violence absolue où la douleur est produite pour ne pas être endiguée, la maladie aussi avec ses embrasements intolérables. Mais l'auteur rappelle que l'individu souffrant connaît une expérience du dépouillement de l'essentiel où la frontière entre l'intérieur et l'extérieur se dissout au point de supprimer les limites qui amènent d'habitude à se sentir soi.
S'appuyant sur des textes littéraires, philosophiques, historiques et anthropologiques, David Le Breton nous fait entrer dans ce qu'il y a de plus complexe et de plus ambivalent en nous pour nous faire réfléchir sur les méandres les plus étranges et secrets de l'histoire de nos vies.
La relation douleur-souffrance est au cœur de cet ouvrage. Il porte sur l’expérience de la douleur, sur la manière dont elle est vécue et ressentie par les individus, sur les comportements et les métamorphoses qu’elle induit. Il s’agit d’être au plus proche de la personne en s’efforçant de comprendre ce qu’elle vit à travers les outils de l’anthropologie. Le propos consiste justement à dégager les liens entre douleur et souffrance, et parallèlement à comprendre pourquoi certaines douleurs sont dénuées de souffrance, voire même associées à la réalisation de soi ou au plaisir. La douleur recherchée ou vécue à travers les conduites à risque ou les scarifications est d’une autre nature que celle qui affecte le malade, par exemple. Le sportif de l’extrême ou simplement le sportif en compétition ou à l’entraînement est un homme ou une femme qui accepte la douleur comme matière première de ses performances, il cherche à l’apprivoiser, à la contenir, il sait que s’il ne se « rentre pas dedans » il fera piètre figure.
L’auteur traite d’une douleur qui implique la souffrance dans la maladie ou les séquelles de l’accident ou de la torture, puis analyse une douleur souvent proche du plaisir ou de l’épanouissement personnel, il s’efforce de comprendre l’ambivalence du rapport à la douleur. La douleur est une donnée de la condition humaine, nul n’y échappe à un moment ou à un autre, une vie sans douleur est impensable. Elle frappe provisoirement ou durablement selon les circonstances. Mais, la plupart du temps, elle est sans autre incidence qu’un malaise de quelques heures aussitôt oublié dès lors qu’elle s’est retirée. Elle renvoie toujours à un contexte personnel et social qui en module le ressenti. La souffrance est la résonance intime d’une douleur, sa mesure subjective. Elle est ce que l’homme fait de sa douleur, elle englobe ses attitudes, c’est-à-dire sa résignation ou sa résistance à être emporté dans un flux douloureux, ses ressources physiques ou morales pour tenir devant l’épreuve. Elle n’est jamais le simple prolongement d’une altération organique, mais une activité de sens pour l’homme qui en souffre. Si elle est un séisme sensoriel, elle ne frappe qu’en proportion de la souffrance qu’elle implique, c’est-à-dire du sens qu’elle revêt. Entre douleur et souffrance les liens sont à la fois étroits et lâches selon les contextes, mais ils sont profondément significatifs et ouvrent la voie d’une anthropologie des limites.
L'auteur:
David Le Breton est professeur de sociologie à l'Université de Strasbourg, membre de l'Institut universitaire de France et du laboratoire URA-CNRS "Cultures et sociétés en Europe". II est l'auteur, entre autres, de Anthropologie de la douleur, Du silence, Eloge de la marche, La Saveur du monde et Mort sur la route (roman noir).
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